Des questions à se poser :
En quoi une oeuvre est-elle en rupture ? Et de quelle rupture s'agirait-il ?
- rupture avec ce que l'artiste fait d'habitude ? En quoi cette oeuvre se distingue-t-elle des autres oeuvres de l'artiste ?
- rupture avec les productions artistiques passées ? En quoi cette oeuvre est-elle différente de ce qui se faisait avant ? En quoi est-elle nouvelle ? Originale ? Révolutionnaire ?
- rupture avec les productions artistiques qui lui sont contemporaines ? En quoi cette oeuvre se distinguet-elle de ce que proposent les artistes contemporains à l'artiste ?
- rupture avec la société contemporaine à l'artiste : en quoi cette oeuvre délivre-t-elle un message subversif, à l'attention de la société ?
Dans quelle continuité l'oeuvre s'inscrit-elle ?
- Continuité par rapport au passé : quelle continuité esthétique ? Quelles sont ses influences ?
- Continuité par rapport à l'oeuvre de l'artiste ?
- Continuité par rapport à l'art contemporain à l'artiste ?
- Continuité par rapport à l'avenir : en quoi a-t-elle influencé les artistes qui lui succèderont ? (voir)
En usant des transports en commun ou des services d'information (des journaux par exemple), chacun est semblable à tout autre. Cet être-en-commun dissout complètement l'être-là qui est mien dans le mode d'être d' "autrui", en telle sorte que les autres n'en disparaissent que davantage en ce qu'ils ont de distinct et d'expressément particulier. Cette situation d'indifférence et d'indistinction permet au "on" de développer sa dictature caractéristique. Nous nous amusons, nous nous distrayons, comme on s'amuse ; nous lisons, nous voyons, nous jugeons de la littérature et de l'art, comme on voit et comme on juge ; et même nous nous écartons des "grandes foules" comme on s'en écarte ; nous trouvons "scandaleux" ce que l'on trouve scandaleux. Le "on" qui n'est personne de déterminé et qui est tout le monde, bien qu'il ne soit pas la somme de tous, prescrit à la réalité quotidienne son mode d'être. [...] Le "on" se mêle de tout, mais en réussissant toujours à se dérober si l'être-là est acculé à quelque décision. Cependant, comme il suggère en toute occasion le jugement à énoncer et la décision à prendre, il retire à l'être-là toute responsabilité concrète. Le "on" ne court aucun risque à permettre qu'en toute circonstance on ait recours à lui. Il peut aisément porter n'importe quelle responsabilité, puisque à travers lui personne jamais ne peut être interpellé. On peut toujours dire : on l'a voulu, mais on dira aussi bien que "personne" n'a rien voulu.
Martin HEIDEGGER, Être et temps, 1927.
« Nous prendrons notre point de départ dans un renversement qui eut lieu au tournant du siècle dernier dans l’attitude à l’égard des sciences. Ce renversement concerne la façon générale d’estimer les sciences. Il ne vise pas leur scientificité, il vise ce que la science en général avait signifié et peut signifier pour l’existence humaine. La façon exclusive dont la vision globale du Monde qui est celle de l’homme moderne s’est laissée, dans la deuxième moitié du XIXème siècle, déterminer et aveugler par les sciences positives et par la « prosperity » qu’on leur devait, signifiait que l’on se détournait avec indifférence des questions décisives. De simples sciences de faits forment une simple humanité de fait. Ce renversement dans la façon d’estimer publiquement les sciences était en particulier inévitable après la guerre et, comme nous le savons, elle est devenue peu à peu dans les jeunes générations une sorte de sentiment d’hostilité. Dans la détresse de notre vie, - c’est ce que nous entendons partout – cette science n’a rien à nous dire. Les questions qu’elle exclut par principe sont précisément les questions qui sont les plus brûlantes à notre époque malheureuse pour une humanité abandonnée aux bouleversements du destin : ce sont les questions qui portent sur le sens ou sur l’absence de sens de toute cette existence humaine. (...)
« Ces questions atteignent finalement l’homme en tant que, dans son comportement à l’égard de son environnement humain et extrahumain, il se décide librement, en tant qu’il est libre dans les possibilités qui sont les siennes, de donner à soi-même et de donner au monde une forme de raison. Or, sur la raison et la non-raison, sur nous-mêmes, les hommes en tant que sujets de cette liberté, qu’est-ce donc que la science a à nous dire ? La simple science des corps manifestement n’a rien à nous dire, puisqu’elle fait abstraction de tout ce qui est subjectif. »
« Holà ! grands peintres excessifs, mes frères, holà, pinceaux sublimes et rénovateurs, brisons les ancestrales palettes et posons les grands principes de la peinture de demain. Sa formule est l’Excessivisme. L’excès en tout est un défaut, a dit un âne. Tout au contraire, nous proclamons que l’excès en tout est une force, la seule force… Ravageons les musées absurdes. Piétinons les routines infâmes. Vivent l’écarlate, la pourpre, les gemmes coruscantes, tous ces tons qui tourbillonnent et se superposent, reflet véritable du sublime prisme solaire : Vive l’Excès ! Tout notre sang à flots pour recolorer les aurores malades. Réchauffons l’art dans l’étreinte de nos bras fumants !